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Le Horla

Théâtre Darius Milhaud, Paris

Impressionnant de maîtrise, un comédien rare. Le Horla nous raconte les hallucinations d’un homme obsédé par une mystérieuse présence surnaturelle.

Le thème Horla aurait été inventé par Maupassant lui-même, peut-être un raccourci de “Hors Là“ : ce qui ne nous est pas semblable, qui est en dehors de nous, tout en étant proche…Là ! Cet univers fantastique du double possédant le corps et l’esprit de son hôte est également une référence au cinéma. La série “Alien“, le mythe du vampire en sont des exemples fameux pour le sujet, tandis qu’Alfred Hitchock renvoie à l’atmosphère lourde, au suspens angoissant qui croît hors champ…L’ambiance du Horla est “doublement“ inquiétante car, phénomène d’identification aidant, on pense qu’il pourrait nous hanter aussi.

Dans ce monologue, Max Darcis passe du murmure au cri, du calme à l’agitation , de l’étincelle de joie à la tristesse et au désespoir le plus profond. Il affirme une forte présence qu’il dédouble au cœur d’une scénographie volontairement épurée.
En quelques gestes, il fait exister son double ectoplasmique, donne à voir cet être invisible mais terriblement présent, esquisse une absence de reflet dans un miroir imaginaire, métamorphose sa voix pour renforcer la paranoïa qui l’envahit, l’onirisme aussi.

Cette interprétation “habitée“ (quel autre mot ?) mérite que l’on s’arrête tous un moment en bord de Seine alors qu’un trois-mâts brésilien passe…
Le héros est-il vraiment dément ou cohabite-t-il réellement avec un être surnaturel ? Cette question irrésolue contribue à faire naître un fantastique (pour tous les âges à partir de 12 ans) se coulant insidieusement dans le magnifique texte de Maupassant.

Avec Max Darcis